Je divague, seule, dans ce couloir sombre. Y glissent beaucoup d'ombres, mais aucune n'est à Toi.

Il ne fait pas sombre, mais Tu n'es pas là. Dans ces décombres de vie, quelle est ma place, à moi ?

Tombée. Fracture des ailes, plumes déchirées. Dos brisé, crâne fissuré.

Poitrail ouvert, cœur arraché. Je ne saurai jamais voler, je ne saurai jamais aimer.

Regarde. C'est moi qui fait tout ça. Qui me brûle. Qui me déchire. Qui me griffe. Qui arrache tout. Qui piètine ma propre vie.

Regarde-moi, grise, écorchée. Regarde-moi mais ne fait rien si tu ne peux pas me dire que tu m'aimes.
 

Adèle s'est complètement intoxiquée.
La voix dans sa tête dit qu'elle l'a bien cherché, à craquer des allumettes au dessus de l'alcool à bruler, y avait forcément un moment ou elle allait le regretter. Cette heure-là est venue, qu'elle ne s'en prenne qu'à elle.
Il était poison, elle le sentait bien. Pourtant à aucun moment, elle n'a eu le courage de rebrousser chemin. Elle lui a donné la place qu'il attendait sans jamais se soucier du venin. Maintenant qu'il lui infeste les veines, elle cherche des yeux la morsure avec une envie de pleurer. Ce poison, c'est son opium. Il a crée en elle un manque que rien ne comble et qui l'empêche de respirer à fond.
Est-ce qu'il existe des cures de désintoxication de l'amour ?

 

Je vois le genre. Un type qui demanderai à Adèle de l'épouser, puis qui le jour du mariage lui foutrai une poignée d'ortie dans les mains à la place du bouquet et partirai le sourire au lèvre. Parce que piétiner des cœurs, ils y en a qui trouvent ça plutôt drôle. Et comme celui d'Adèle est fragile. Comme elle n'a rien d'une femme fière. Pourquoi pas après tout ? Adèle en a vu d'autre, Adèle en verra d'autre. Elle n'est pas si compliquée, il lui suffit d'un peu de tendresse. Elle croit en l'amour, la naïve. On dit que le coeur n'a pas de raisons et elle ça lui suffit, elle ne cherche pas plus loin. C'est son coeur, sa raison d'aimer. Bien sûr, qu'ils ne l'aimaient pas mais celui-là c'est différent. C'est à chaque fois comme ça. Et puis à la fin, elle ramasse  les débris de son amour en silence. Le rafistole comme elle peut, sans se plaindre.
Un autre viendra.