♪ Jette ta tête par la fenêtre,
Donne ton coeur au salaud ♪
J'ai marché longtemps dans les lumières de la ville. Je ne regardais pas devant moi, je fixais mon portable. Supprimant un à un ses messages, ses appels, toute trace de lui. Comme 6 mois plus tôt, B. l'avait fait avec les messages de D. dans mon autre portable. J'ai juste laissé le numéro des fois que. Et finalement, j'étais bien. Sous la pluie battante. Dans le froid. Placebo à fond dans mes oreilles. Je n'avais plus mal comme avant dans l'après-midi, quand je fixais le sol. Quand ils étaient là, devant ma salle de philo. Détailler le sol pendant les quinze minutes de la récréation, parce qu'il l'embrasse, juste devant moi, quel hasard, Balthasar. Ne pas savoir où regarder, quelle attitude adopter. Me noyer un peu dans mon malaise, ne pas comprendre le besoin qu'ils ont de s'afficher devant moi. Baisser les yeux, comme si j'avais quelque chose à me reprocher. Je n'ai pas envie d'être l'année dernière, ni celle d'avant. Je ne veux personne qui m'évite, qui ne me regarde plus dans les yeux. Je ne veux pas qu'il soit un nouveau D. , il n'est pas D., il ne le sera jamais.
Mais il y avait B., il s'est occupé de moi. Il y a eu M. aussi, « Allez, faut avoir la pêche !», « Mais si je t'aime bien !», « Elle est méchante, elle fait que de me dire ta gueule !». Il y a My comme mardi soir, trop drôle. « Les voitures, elles ont des strabismes des phares !». Et puis les exo de physique avec F. « Et Paf ! Ça fait du potassium !»
J'aimerais vraiment un rêve. Un soleil. Quelqu'un après qui courir. Plus que quelqu'un, qui, quand il est alcolisé me sourie et m'embrasse. Qui ne sera jamais à moi. [ A part Ré, E., F. et D., je n'ai presque vécu que ce genre d'histoires.]